Billet d'humeur: Un rai de lumière perçant les volets clos
- Isabelle Alexandrine Bourgeois
- 27 avr.
- 3 min de lecture
Depuis deux mois, la valse des événements du monde s'emballe à nous faire tourner la tête. Guerres, coups de théâtre géopolitiques, scandales sexuels, attaques au couteau, sanctions internationales, mort du pape, grands ajustements de Donald Trump et j'en passe.

Pour la journaliste que je suis, mon coeur balance souvent entre dénoncer les mensonges, les abus et l'injustice ou partager la beauté, la liberté et la joie. Finalement, je fais les deux. Ma collaboration avec le piquant média Essentiel News m'entraîne dans les coulisses du pouvoir où s'affrontent les egos, les déviances ou les mensonges. Le contenu complémentaire que je propose sur Planète Vagabonde invite plutôt mes lecteurs à rester aux étages supérieurs de l'unité et de la compassion. Il y a donc à boire et à manger, à s'insurger ou à capituler, toujours avec amour.
Je pense que la vie est comme une raquette de ping-pong: on renvoie la balle des événements par une face puis l'autre, mais le jeu reste le même. Si nous frappions toujours du même côté, nous finirions par nous lasser. Un coup, c'est rouge, un coup, c'est noir, et la petite balle rebondit selon nos perceptions et nos croyances, que notre humeur soit bonne ou grave. Lorsque l'on vit une épreuve, pourquoi ne pas exercer en même temps son regard à pister le fil de la merveille?
Je vous donne un exemple. Depuis plusieurs semaines, j'enquête sur des réalités bien moches, en particulier en France. En même temps, je m'émerveille au quotidien des tous petits bonheurs qui viennent à ma rencontre.Tenez, par exemple, alors que je suis plongée au coeur de l'horreur pédocriminelle, j'ai déjeuné il y a quelques jours en Valais avec un ami à la retraite. Je lui ai fait part de mon inquiétude pour sa santé déclinante, de le savoir vivre seul à la maison. Je lui ai demandé qui pourrait lui venir en aide s'il venait à tomber dans son appartement? Il m'a répondu: «Tu sais, j'ai une gentille voisine qui habite dans l'appartement en face du mien. Nous avons conclu un accord: tous les matins, lorsqu'elle regarde en direction de ma fenêtre, si mon store n'est pas levé à 10h, c'est qu'il y a un problème. Et réciproquement.»
Je me suis dit que même si on meurt dramatiquement à Gaza, en Ukraine, au Soudan ou dans les réseaux pédophiles, il y a deux voisins à Sierre qui veillent l'un sur l'autre, à travers un petit store. Ce simple geste d'humanité, aussi discret qu'une mésange noire à l'ombre d'une branche de mélèze, a comblé mon âme.
Un quart d'heure après l'avoir raccompagné chez lui, je passe devant le lac de Géronde à Sierre. Les fortes chutes de neige deux jours plus tôt avaient dévasté les arbres de la ville. Les majestueux peupliers qui pavoisent au bord de l'eau ont été sévèrement dégarnis. Mais pour mon plus grand bonheur, encore une fois, des enfants s'étaient emparé de leurs longues branches pour construire des cabanes (photo ci-dessous). Et mon coeur a souri.
Voilà comment survivre aux raclées des piteuses nouvelles relayées par les médias: en se reliant au fil de la résilience, à la créativité des enfants et des hommes qui émerge sous nos pas, à l'angle d'une rue ou au bord d'un étang. La vie se fait et se défait, comme le sable que le vent modèle et disperse. Observer la pluie qui claque contre les vitres et ne pas se laisser happer par l'orage. Attendre patiemment l'embellie qui n'a jamais disparu, et qui attend qu'on la regarde.
Tantôt mes yeux sont mouillés de chagrin, tantôt ils pleurent de joie, mais mes larmes «sucré-salé» sont deux ruisseaux amenant à une même réalité, à cet océan d'ombre et de lumière, où le sel de la mer est aussi celui de la vie.
Isabelle Alexandrine
oui là est la Sagesse. Voir ce qui est dans tous les angles et de face; se laisser porter par le fil de la vie et rejoindre l'Être. savoir que l'on est fragile fragile fragile et forts à la fois comme la vie qui va et vient dans son courant d'air prodigieux. MERCI
Merci pour ce beau papier plein de sagesse ! Bonne journée chère Isabelle