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Samuel Bitton et Céline Jentzsch, photographier le monde comme un poème

Dans un chalet bordé de forêts, au cœur du Valais, au pied des vertigineuses parois des Mayens-de-Chamoson, le printemps déploie ses nuances de vert tendre et jaune-primevère. C’est ici que Samuel Bitton et Céline Jentzsch ont trouvé leur ancrage entre deux voyages, dans un équilibre subtil entre contemplation et création. Le ronron du fourneau accompagne leurs récits, comme un écho à la passion qui les unit : capturer la beauté du monde et en transmettre l’essence à travers la photographie et le film. Nos chemins ne pouvaient pas s'éviter, eux, traqueurs de merveilles, et moi, reporter chasseuse de joie, par la rencontre et le voyage. Côtoyer l'univers d'êtres humains faits de la même texture que le nôtre engendre une complicité immédiate. Céline Jentzsch et Samuel Bitton, photographes avec chacun une sensibilité particulière et originale, sont devenus des amis.


Deux parcours, une même quête

Samuel Bitton, né en France, suit d’abord une carrière d’ingénieur en électronique avant de bifurquer vers la photographie de paysages. Après un passage en Angleterre dans l’industrie spatiale, il s’installe en Suisse, fasciné par la proximité des sommets. Il rejoint un club de photo, perfectionne son regard et, en 2009, sa première exposition au château de Chillon lui ouvre les portes du métier. Dès lors, il consacre son existence à immortaliser l’éphémère, traquant la lumière idéale sur les crêtes, au creux des vallées, sous des ciels infinis. Il arpente la montagne aussi souvent que possible et, cette passion, elle le lui rend bien.

Céline Jentzsch, elle, est d’abord fascinée par l’humain. Née en France, elle grandit avec une sensibilité artistique marquée et une soif de voyages. Après une première carrière dans le domaine médical, elle se tourne vers la photographie comme un moyen d’explorer les âmes autant que les paysages. À travers son objectif, elle cherche à capter des instants de grâce dans le quotidien des peuples qu’elle rencontre. Son travail est une ode à l’authenticité, aux visages marqués par le temps et aux mains qui racontent des histoires.


Le sentier extraordinaire sur lequel s'est engagé leur amour relève presque du roman à l'eau de roses. Ils se croisent dans un premier temps à Chamonix, sans presque se remarquer. Mais leur rencontre décisive se fait des années plus tard, en Chine, dans la province du Yunnan. Là, le hasard les place dans la même guesthouse, sans qu’ils ne s’y croisent – à un jour près. La vie finira pourtant par les réunir, et dès lors, ils conjugueront leur art à deux et voyagent autour du monde, principalement à bord de leur van tout terrain "Scouby" qu'ils ont entièrement réaménagé ensemble.


Un regard à la croisée des chemins

Si Samuel capte l’immensité des paysages, Céline en révèle l’âme humaine. Lui est en quête de lumières fugitives, de ciels mouvants et de perspectives grandioses ; elle s’attarde sur un regard, un geste, un instant suspendu. Ensemble, ils façonnent une vision du monde où nature et humanité se répondent, où chaque cliché devient un récit.


Leur approche immersive de la photographie les conduit à voyager autrement. Pas de passages furtifs ni d’images volées : ils prennent le temps de comprendre, d’observer, de partager. Samuel attend des heures la lumière parfaite sur une crête isolée, tandis que Céline tisse des liens, échange des mots avant de capturer une expression sincère. Cette philosophie guide leur travail, à la fois exigeant et poétique.


Avec les années, la photographie seule ne leur suffit plus. L’envie de raconter autrement s’impose, et la vidéo devient une évidence. À travers des films empreints de douceur et de profondeur, ils donnent voix aux histoires qui les touchent. Leurs sujets ? Des individus vivant en marge des courants dominants, des projets porteurs d’espoir autour de l’environnement, de l’éducation, de la spiritualité. Leur reporage sur Madani, l'homme qui reverdit le désert est bouleversant. Leur documentaire sur Bernard Bertrand, fondateur de la maison d’édition Terran, spécialisée dans l'écologie pratique, et rédacteur en chef du magazine "Le Lien Créatif", met en lumière un véritable passeur de savoirs (notamment la vannerie).


Créer sans dénaturer

Loin d’une simple quête esthétique, leur démarche est aussi empreinte de questionnements. Comment sublimer la nature sans contribuer à sa surexploitation ? Comment raconter sans altérer ? Conscients du paradoxe que soulève la diffusion de leurs images – qui peut parfois encourager un tourisme de masse –, ils optent pour un mode de vie plus sobre et un impact mesuré.


Leur camion aménagé devient une maison itinérante, leur potager en permaculture une source d’émerveillement autant que d’autosuffisance. Ils privilégient les séjours prolongés, s’imprègnent des lieux, s’efforcent de ne rien prendre sans donner en retour. « Notre travail n’a de sens que s’il porte un message, une émotion, un respect profond pour ce que nous capturons », confie Céline.


L’aventure continue

Après avoir exposé ses photos en automne dernier au Festival Salamandre de Morges, Samuel a emmené sa belle au Sri Lanka, à la découverte de traditions spirituelles ancestrales et en immersion dans la pratique Vipassana, une ancienne technique de méditation qui trouve son origine en Inde. Ils viennent de rentrer en Suisse, le sac à dos bourré de nouveaux clichés et de projets de films.

Dans leur regard, une même lueur : celle de l’émerveillement intact, du désir de transmission. Car photographier, pour eux, n’est pas seulement capturer un instant. C’est offrir une perspective, un souffle, une part de ce que le monde a de plus fragile et de plus beau. Samuel et Céline vivent des dons générés par le partage de leurs magnifiques documentaires sur leur chaîne youtube. Fidèles à leur philosophie qui préfère la rareté et la délicatesse au bombardement des images, ils publient peu, mais c'est chaque fois un enchantement pour l'âme, des films dont la saveur reste longtemps, très longtemps sur le bout de la langue. Découvrir leur portofolio



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