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Transition rapide vers le solaire à Genève : la voie du salut climatique, vraiment?


Par Elizabeth Zumstein, journaliste citoyenne La bonne citoyenne que je suis va devoir voter le 18 mai prochain sur un sujet d’actualité : la « transition rapide vers le solaire à Genève ». Diantre ! Il faudrait s’informer, à moins d’avoir déjà avalé la croyance béate dans l’énergie solaire...


La prise de position du Parti Socialiste est révélatrice, qui clame que la « crise climatique est la plus grande crise de notre temps ». Perplexité : que fait le PS des morts en Ukraine, à Gaza, maintenant aussi en Syrie ? C’est indécent, rend l’affirmation sur le climat suspecte !


Pour le PS, il s’agit de tourner le dos urgemment aux énergies fossiles pour les remplacer par des énergies renouvelables, en totale harmonie avec les Verts Libéraux, promoteurs de l’initiative solaire et dont le crédo, précisé dans la ligne du parti, est la promotion des start-ups qui se profilent grâce à l’innovation.


Quoi de mieux que « l’énergie renouvelable » pour mettre en marche des start-ups innovantes ? Cela permet sans aucun doute de faire des affaires étant donné que la sacrosainte histoire de « l’urgence climatique » a le vent en poupe.


Comment et par qui est donc vendue cette histoire « climatique » au citoyen lambda qui doit maintenant aller voter afin de certifier son adhésion à cette croyance, ce qui pourrait avoir pour effet de le précipiter dans des difficultés soigneusement occultées par ceux qui sont aux commandes ?


Ce qui s’appelle « promotion » dans le jargon des énergies renouvelables est produit par SuisseEnergie, qui n’est rien moins que « le programme du Conseil fédéral visant à soutenir les mesures volontaires d’amélioration de l’efficacité énergétique et de promotion des énergie renouvelable ».


On notera le mot « volontaire » insolite car le citoyen lambda est fortement incité à aller dans le bon sens par diverses techniques de persuasion, non seulement des subventions, des prêts verts, des tarifs de rachat garantis, des mécanismes de soutien, des exonérations fiscales…, mais aussi des obligations légales sous peine de taxes supplémentaires ou d’ennuis divers : interdiction de chauffer si on n’a pas la bonne installation, obligation d’installer des panneaux solaires si on rénove le toit.


C’est pourquoi le citoyen ferait bien se renseigner à diverses sources afin de comprendre ce que cela impliquera pour lui. On se garde bien entendu de dire que l’argent nécessaires à ces incitations provient des impôts et taxes diverses, donc de son propre portemonnaie.


On se garde aussi de faire allusion aux pionniers de ces installations à qui on avait promis monts et merveilles en matière de bénéfices s’ils installaient des panneaux photovoltaïques sur le toit et qui se sont retrouvées grugés, car les règles avaient finalement changé.

Étrangement, les Verts Libéraux, si on en croit leur site, sont en faveur d’une baisse d’impôts. Allez comprendre.


Que sont les énergies renouvelables selon SuisseEnergie, notamment l’énergie solaire sur laquelle porte la votation ?


Sur sa page Internet, SuisseEnergie informe le lecteur que le soleil est « une source d’énergie inépuisable ». Certes… Mais qu’en est-il de la disponibilité d’une telle énergie ? Comment cette énergie est-elle produite ? Car le soleil ne l’envoie pas d’un coup de baguette magique directement dans les foyers…


Il est aussi affirmé que l’électricité et la chaleur qui en sont issues sont « indigènes » et « durables ». Mais qu’est au juste une énergie « indigène », et « durable », si ce n’est une divagation rédactionnelle ?


Le texte est remarquablement décousu, sans cohérence interne. En vrac on y trouve l’énergie, l’électricité solaire, l’énergie électrique, l’électricité, la chaleur, l’eau chaude, le solaire thermique, le chauffage, les chauffages, le chauffage fossile … sans que des explications ne soient données.


Des chiffres destinés à impressionner forment des sous-titres - « 200 fois », « 100% » ; il y a des incitations : « Ce que vous devez savoir » - en réalité pas grand-chose puisque ce n’est pas le but explicite du texte, bien au contraire ; « Ce que vous pouvez faire » - sentez-vous coupables, car si vous ne le faites pas, vous serez un mauvais citoyen….


Vous apprendrez que « tout cela » (l’électricité, l’énergie électrique, la chaleur, l’eau chaude, le solaire thermique, le chauffage…) se fera grâce aux « technologies d’avenir éprouvées » - une magnifique contradiction de termes, ou encore grâce aux « installations photovoltaïques …(qui) transforment directement le rayonnement solaire… sans rejeter d’émissions » une rhétorique permettant de sauter à pieds joints sur la problématique des installations gloutonnes en minerais et donc pollueuses ailleurs, de manière « exogène », mais donc acceptable au niveau « indigène »…


SuisseEnergie explique encore « comment les modules solaires transforment la lumière en énergie électrique ». C’est presque mystique, une colombe blanche pourrait bien descendre du ciel en même temps.

La rhétorique met en avant des éléments creux qui sonnent bien, passe tant que possible les éléments négatifs sous silence ou les positionne entre deux éléments « positifs », là où un lecteur peu attentif ne les débusquera pas. Tout est tourné dans le « bon sens » : cette énergie « fournit un appoint au chauffage » (elle fournit… mais de loin pas tout).


SuisseEnergie affirme encore « 100% Les toits et façades recèlent un fort potentiel pour la production d’électricité d’origine solaire ; en théorie, ils permettraient de couvrir » la consommation annuelle de la Suisse (donc c’est 100%, mais théoriquement seulement).


ChatGPT estime que pour la seule Ville de Genève (estimation de 500000 habitants, d’une consommation d’environ 4500 kWh par habitant et par an, et d’un ensoleillement d’env. 1200 h par an), il faudrait une surface d’environ 12,5 km², bien orientés, inclinées et gérés !

SuisseEnergie implique aussi que les citoyens sont irrespectueux s’ils gardent leur malheureux chauffage à mazout ou à gaz : « Remplacez votre chauffage à mazout ou à gaz par un chauffage respectueux de l’environnement », et continue par ce magnifique malapropisme : « complétez-les (les chauffages irrespectueux) par de l’énergie solaire indigène » !


Habilement caché dans des parties qu’il faut dérouler, on apprend que cette énergie solaire à tout de même besoin d’« une petite installation thermique » si on veut de l’eau chaude, et encore, on ne pourra pas couvrir tous les besoins, seulement « une partie non négligeable de la consommation » ou que la pompe à chaleur « consomme de l’électricité et stocke de la chaleur… lorsque le soleil est le plus fort ». Donc pas toujours.



Et qui de l'énergie éolienne?

SuisseEnergie avoue que pour « atteindre les objectifs de la Stratégie énergétique 2050, la Suisse doit exploiter des sources d’énergie renouvelables supplémentaires ». Bien entendu, on nous vante l’ « énorme potentiel » « éolien » qui « pourrait compléter la production d’électricité suisse, en particulier durant l’hiver ».


C’est ainsi que SuisseEnergie explique dans un autre chapitre que l’énergie solaire n’est pas performante en hiver puisqu’il faut la compléter.

On a donc maintenant déjà compris que l’ « inépuisable » énergie solaire présente quelques problèmes de disponibilité, tout au moins en hiver, et que ça ne suffira pas.


La problématique des émissions

Les installations photovoltaïques sont composées « de verre, d’aluminium, de silicium et de matières synthétiques, dont la disponibilité est incontestablement élevée ». Les modules « requièrent aussi de l’argent, disponible en quantités limitées ». A l’avenir, l’argent pourrait être remplacé par du « cuivre, disponible en grandes quantités et recyclable à 100% ».


C’est ce que SuisseEnergie répond à la question des matières qui constituent les modules et « qui pourraient venir à manquer à l’avenir ».

On rétorquera à cela que la Suisse n’est pas vraiment réputée pour ses mines, à part peut-être celles de sel…



L’aluminium provient des mines de bauxite (Australie, Chine et Ghana). Wikipédia dit que les « besoins en aluminium pour la transition énergétique et la lutte contre le réchauffement climatique devraient continuer à accroître la production dans les prochaines années ».


On peut douter que cela aille dans le sens d’un développement durable quand on sait à quoi ressemble une mine de bauxite australienne et qu’on sait comment la bauxite est extraite et transformée en aluminium : il faut environ 4 à 5 tonnes de bauxite pour produire 2 tonnes d’alumine qui sont ensuite raffinées en 1 tonne d’aluminium…


C’est le procédé Bayer, une méthode chimique introduite par Karl Bayer en 1888, qui permet de produire l’alumine. Il reste alors de la boue rouge toxique, caustique, qui pose un problème environnemental certain. Ce procédé est aussi très consommateur en eau.

Ensuite, c’est par le procédé Hall-Héroult que l’aluminium est fondu. Ce procédé demande énormément d’énergie et produit des émissions significatives de CO2…


Et pourtant, SuisseEnergie a affirmé que les « installations photovoltaïques …transforment directement le rayonnement solaire… sans rejeter d’émissions »


Quelles sont les « matières synthétiques »?

Der recherches sont menées par l’EPFL et l’EMPA sur des cellules solaires plus performantes (ah ? Elles ne seraient pas performantes ?). Il s’agirait de combiner deux couches, dont une composée d’une combinaison de silicium et de pérovskite. Cette dernière serait synthétisée à partir de plomb et d’étain. Nous revoilà encore dans les mines d’Australie, de Chine, et cette fois des USA. A lire ce qu’est le plomb, on n’est pas du tout rassuré!


Le citoyen qui aura fait son devoir d’analyse en vue d’aller voter aura compris que l’énergie renouvelable, particulièrement solaire, n’est en aucun cas la panacée qu’on veut lui faire avaler.

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