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Penser autrement est-il devenu un crime?

Quand analyser devient un délit d’opinion... Ancien colonel du renseignement suisse, Jacques Baud est aujourd’hui sanctionné par l’Union européenne non pour des actes criminels, mais pour ses analyses. À travers cette interview avec Guy Mettan, Michelle Cailler, François Meylan et Boris Chollet, Planète Vagabonde interroge la liberté d’expression, l’État de droit et la capacité de la Suisse à défendre ses citoyens.

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Il y a des décisions qui claquent comme un avertissement. Avec Jacques Baud (photo), la baffe flanquée à un seul homme est une baffe donnée à tous. La sanction prise par l’Union européenne à l’encontre du citoyen suisse, ancien colonel de l’armée et du renseignement, fait mal. Non pas parce qu’elle viserait un criminel, mais parce qu’elle frappe un homme pour ses analyses, ses lectures des conflits contemporains, sa liberté de parole.


En tant que citoyenne suisse, vivant dans un pays qui se revendique démocratique, cette décision m’a profondément choquée. En tant que journaliste, attachée à la liberté d’expression, au débat contradictoire et à l’État de droit, elle m’a alarmée. Car ce qui est en jeu ici dépasse largement la personne de Jacques Baud. C’est notre rapport collectif à la pensée libre, à la pluralité des points de vue et à la capacité d’un État à protéger ses ressortissants lorsque ceux-ci deviennent dérangeants.


Jacques Baud a consacré sa carrière au service de la Suisse, avec rigueur et loyauté. Officier supérieur, spécialiste du renseignement, expert reconnu des questions de sécurité internationale, il s’est forgé une notoriété publique respectable et respectée, fondée sur une exigence méthodologique rare: ne travailler qu’à partir de sources officielles, de faits établis, de documents vérifiables. Ses ouvrages consacrés à la guerre en Ukraine ou au Proche-Orient n’ont jamais cherché à flatter une opinion, mais à déconstruire les récits simplistes, les manipulations et les angles morts — y compris lorsqu’ils dérangent l’Occident lui-même.


Or Jacques Baud n’est pas sanctionné pour des actes, mais pour des paroles. Pour des analyses jugées «dérangeantes». Sans procédure contradictoire connue. Sans décision motivée clairement notifiée. Cette réalité pose une question vertigineuse: peut-on encore, en Europe, penser autrement sans être exposé à des sanctions politiques, économiques et sociales ?


À travers cette interview, mon intention est claire : soutenir la liberté d’expression et défendre un ressortissant suisse que je considère comme injustement sanctionné. Non pas pour imposer une vérité, mais pour réaffirmer un principe fondamental: dans une démocratie digne de ce nom, on répond aux idées par des arguments — jamais par des listes noires.


Pour nourrir cette réflexion, j’ai invité quatre personnalités aux regards complémentaires, afin d’éclairer cette affaire sous ses angles juridiques, médiatiques, financiers, militaires et politiques: François Meylan, gestionnaire de fortune indépendant et ancien officier de renseignement ; Boris Chollet, juriste et spécialiste des enjeux stratégiques et militaires, ancien collaborateur de l’Armée suisse et de l’OTAN; Guy Mettan, journaliste, écrivain et fin connaisseur des relations Est-Ouest ; et Michelle Cailler, juriste, ancienne présidente du Mouvement Fédératif Romand, engagée de longue date pour la défense de l’État de droit.


Car défendre Jacques Baud aujourd’hui, ce n’est pas défendre une opinion. C’est défendre la possibilité même du débat. Et rappeler qu’une démocratie ne se mesure pas à sa capacité à sanctionner, mais à sa capacité à tolérer le désaccord.



Pour information, François Meylan et Boris Chollet donneront une conférence à Aubonne le mardi 20 janvier sur le thème "Quel avenir pour la Suisse?", organisée par Planetpositive et Themisia Gioia.

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