Les somnambules qui nous gouvernent ne valent pas une fleur de magnolia
- Isabelle Alexandrine Bourgeois
- 2 avr.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 4 jours

On dirait qu’ils marchent dans leur sommeil, ces grands de ce monde. Les yeux mi-clos, la mâchoire serrée, ils avancent d’un pas raide et solennel, comme s’ils récitaient un texte appris par cœur, (programmés peut-être?), que même eux ne comprennent plus. Des somnambules en costard-cravate, en tailleurs stricts, avec des micros et des tanks. Des visages grimaçants et vides comme ceux des mannequins de cire, des blabla et des bling bling qui tourbillonnent dans le vent qu'ils vendent. Voilà l'image pathétique que me renvoie ceux qui nous gouvernent en Europe et en Occident. Il y a eux et il y a la réalité du terrain. Deux mondes qui ne se rencontrent plus. Mais la magie est bien là, tapie sous un pétale posé sur la terre...
Ces temps-ci, l’Europe parle fort. Elle claque ses bottes comme pour impressionner la cour de récréation. On entend des mots lourds comme « réarmement », « conscription », « menace existentielle ». Houlàlà... L’Allemagne prévoit de réintroduire le service militaire, la France augmente son budget de défense, les Pays-Bas distribuent des brochures sur « que faire en cas de guerre »… On frôle la farce tragique, où les tambours martiaux résonnent plus fort que les cris de paix des peuples.
Mais dans les rues, dans les cafés, dans les jardins publics, personne ne rêve de mourir pour une idéologie floue ou un drapeau tricolore. Le citoyen aime la vie, l’odeur du pain chaud, les rires d’enfants sur les places de jeux, les apéros en terrasse qui viennent d'ouvrir. Il n’a pas le goût des tranchées, ni des missiles intelligents. Il sait que la guerre est une entreprise de destruction massive, de sens et de jeunesses ardentes.

L’Histoire, cette vieille dame à la mémoire vive, nous a pourtant prévenus. En 1914, les peuples d’Europe, hypnotisés par les discours flamboyants, sont partis la fleur au fusil, convaincus que la guerre serait courte et glorieuse. En 2003, l’Irak a été bombardé au nom d’armes imaginaires. On se souvient aussi de la propagande de 1939, des films héroïques, des affiches patriotiques qui rendaient la guerre presque sexy. Toujours la même recette : la peur comme ferment, le mensonge comme levain.
Ah, la peur… ce levier si efficace pour manipuler les masses. Elle serre la gorge, contracte le ventre, rend sourd à la nuance. Elle transforme l’autre en ennemi, l’inconnu en menace. Elle permet à des chefs sans boussole intérieure de nous vendre n’importe quel délire stratégique, emballé dans un joli paquet de sécurité nationale.
Face au chaos du monde, feu Christiane Singer répondait par l’émerveillement. “La seule vraie urgence est celle de ne pas passer à côté de sa vie.”
Alors, plongeons notre nez dans cette vie printanière qui nous ouvre généreusement les bras. Pendant que nos dirigeants délirent à coups de budgets militaires et de discours belliqueux, les magnolias, eux, explosent en silence. Ils s’en fichent bien des frontières et des menaces nucléaires. Ils s’épanouissent en avril, point. Voilà une leçon de constance et de beauté que nos gouvernants feraient bien d’observer, s’ils n’étaient pas si occupés à s’agiter comme des coqs déplumés.
Regardez-les, parfois, ces chefs d’État : l’un gesticule comme s’il animait un jeu télévisé sous coke, l’autre s’exprime avec le charisme d’un pied de chaise. Il y a des regards vides derrière les pupitres, des sourires crispés, des tics nerveux. On croirait parfois à un casting de “L’hôpital psychiatrique fait son show”. On rit, mais un peu jaune.
Alors, que faire ? Peut-être commencer par refuser de croire à leurs scénarios. Débrancher la télévision, marcher pieds nus sur l’herbe, écouter le chant d’une gracieuse mésange à longue queue plutôt que les bulletins d’alerte. Se rappeler que notre pouvoir est ici, dans chaque pensée paisible, dans chaque action créatrice, dans chaque refus d’être complice.
Nous sommes plus nombreux, plus vivants, plus éveillés qu’eux. Ce monde est encore à nous. Et tant qu’il y aura des magnolias, des poètes et des joyeux, les somnambules resteront les seuls à dormir. Isabelle Alexandrine Bourgeois
Oh oui, bien chère Isabelle, merci de nous rappeler de ne pas entrer dans le duel, qui renforce l'esprit belliqueux!
Colette
Merci Isabelle pour ce joli texte. Cela fait un bien fou. Heureusement que vous là pour nous sortir la tête de l'eau.