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Votations sur l'e-ID - Le «Röstigraben» n'est plus linguistique

Dernière mise à jour : il y a 3 jours

Il y a des jours où les urnes ne contiennent pas seulement des bulletins de vote, mais parlent de l’âme des hommes. En ce 28 septembre 2025, les Suisses se sont prononcés sur la loi fédérale sur l’identité numérique. Le «oui» l’a emporté avec 50,4 % des voix contre 49,6 % pour le «non». Et pour une fois, la barrière ne se définit pas entre les Suisses-alémaniques et les Romands. Les citoyens ont, sans le dire, voté pour deux visions du monde. C'est un point de bascule qui apporte quelque chose de profondément réjouissant.


Source: Swissinfo.ch
Source: Swissinfo.ch

Deux Suisses ont voté aujourd'hui: d’un côté, la Suisse du Grütli, celle des montagnes et des clochers, du respect du vivant et des libertés ancestrales. Une Suisse qui se méfie non pas du numérique, ni du progrès technologique, mais de ceux qui pourraient l’utiliser contre les citoyens comme un cheval de Troie. La moitié des Suisses sentent dans les puces électroniques le souffle froid d’un contrôle à venir, et dans les promesses d’efficacité une atteinte à la dignité du citoyen libre.


L’autre moitié, la Suisse des Nations-Unies et des villes, des universités et des laboratoires, a voté pour la confiance dans la technologie, dans la gouvernance globale, dans un futur 2030 qu’elle imagine harmonieux parce que connecté. Cette Suisse croit que l’identité numérique n’est qu’un pas logique dans la modernité et non une menace pour l’âme helvétique.


Entre ces deux pôles, le fossé ne suit plus la ligne des Röstis. Il traverse les cœurs.

Il sépare désormais les Suisses non par leur langue, mais par leur foi: foi dans la souveraineté du vivant et du peuple, ou foi dans la sous-traitance de la destinée du pays au progrès technologique à travers les sacro-saintes institutions.


Les cantons ruraux, enracinés dans la mémoire du sol, ont voté contre l'identité numérique par prudence ou sagesse; les cantons urbains, baignés dans la rationalité et la vitesse, ont dit oui au futur qu’on leur promet. La fracture n’est pas géographique: elle est spirituelle. Elle oppose ceux qui croient encore que la liberté se vit dans l’autonomie individuelle, le travail réel et la dignité du geste, face à ceux qui préfèrent que les autorités décident pour eux, à l'aide d'algorithmes et de machines. D'ailleurs, «la barrière de röstis» n'est plus qu'helvétique. C'est un phénomène mondiale.

Oui à l'émancipation de la conscience Et pourtant, malgré la "victoire" du oui, ce n’est pas une défaite pour les partisans du non.

Le faible écart entre les deux camps (20'000 voix!) dit tout autre chose: il révèle un peuple qui s’éveille, un peuple qui questionne, un peuple qui commence à regarder au-delà des slogans, des narratifs et des peurs. Un peuple qui ne se laisse plus conter et qui ose remettre les pouvoirs en question. Jamais la Suisse n’a compté autant d’esprits lucides, vigilants, conscients des enjeux invisibles du monde qui s’installe. Ce sursaut n’est pas une défaite: c’est une aurore. D'autant plus que les partisans du «non» dont le Mouvement Fédératif romand qui s'est particulièrement impliqué et mobilisé dans cette campagne vont très probablement demander un recomptage des votes, plusieurs étrangetés techniques ayant été observées.


Oui, l’identité numérique viendra, sans doute imposée, insérée dans nos vies comme un réflexe administratif. Mais les esprits libres ne sont pas traçables. Le génie d’un être souverain trouvera toujours le moyen de se glisser entre les mailles du filet. Il l'a assez prouvé depuis cinq ans. C’est sa force et elle est inaliénable.


Car la liberté véritable n’a pas besoin d’autorisation pour exister, être identifié ou voyager.

Elle se niche dans le regard, dans la bonté, dans le courage de dire non, ou simplement de penser autrement.


Aux partisans du non, il appartient désormais de se réinventer. De bâtir des alternatives, d’expérimenter d’autres formes de vivre-ensemble. De continuer à développer des réseaux de confiance souterrains, déjà merveilleusement actifs, qu'ils soient tessinois, suisse-allemands ou romands, enracinés dans la nature, le lien humain, les lois du vivant. Entre eux, les ponts sont déjà jetés, invisibles pour ceux qui ne vibrent pas à leur fréquence. Ils se reconnaissent sans ouvrir la bouche, ni sortir un passeport. C'est une petite lueur qu'ils ont en commun et qui se repère comme un phare dans la tempête.


Car la souveraineté n’est pas une idéologie. C’est un art de vivre qui s'essaime au-delà des cols et des lacs comme des graines de pissenlits. Demandez-donc à une machine, à un data-center ou un serveur de les arrêter en plein vol!

Les premiers Confédérés, les hommes d’Uri, de Schwytz et d’Unterwald, ont juré en 1291 de rester libres et de se défendre contre toute domination étrangère, qu’elle soit militaire ou digitale. Leur liberté n’était pas une abstraction politique, mais un instinct du cœur, viscéral, né du lien avec la terre, la montagne et le ciel. Au moins une moitié de la Suisse reste fidèle à leur pacte. Aucune puce, aucune base de données, aucun algorithme ne pourra effacer ce qu’ils ont gravé pour l’éternité: le droit inaliénable d’être soi-même, debout, relié, vivant.

3 commentaires


bea.78
il y a 18 heures

Chère Isabelle,

Encore un admirable article rédigé avec votre cœur, qui est plus qu'un simple organe!

Votre Suisse, petite sœur de notre pauvre France, se bat elle aussi pour maintenir ses Valeurs Universelles, qui gravitent essentiellement autour de cette pierre angulaire "le Vivant, la Pleine Conscience et Dame Nature" malmenée depuis trop longtemps par ces vents nouveaux dits technologiques où il nous faut rester vigilants, car... si tout cet apparat ne serait qu'un leurre pour mieux nous "enfer-mer" dans un système de contrôle où nous perdrions toutes libertés. Je refuse le monde décrit par George Orwell dans son roman "1989", ils ne parviendront pas à nous l'imposer !

Merci encore Chère Isabelle, pour ce partage et votre énergie positive communicative,…


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Merci chère Béatrice pour ce message tellement encourageant! Je suis heureuse de ne pas m'investir avec autant d'énergie et de détermination pour rien! Me savoir lue est important pour m'aider à continuer dans mon travail. Gratitude.

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Lyse
il y a 3 jours

Oui, une grande éclaircie spirituelle! 💓

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