L’art sacré du rebond

Dans un monde où l’on a parfois l’impression que l’actualité est un train-fantôme qui ne s’arrête jamais, rester en joie devient un acte de résistance. Mon cœur, lui, a pris le parti de sourire en coin même quand les pages du journal frisent la dystopie. Pas par naïveté. Mais parce que j’ai compris que le chaos extérieur n’a pas à dicter la météo de mon âme.

Comme jamais, les algorithmes de Youtube me proposent des vidéos sur la fin du monde, la déchéance de l’Occident, le chaos en Europe, des irruptions solaires exponentielles ou des cataclysmes climatiques de plus en plus graves. Dur, dur de tenir la barre de l’optimisme lorsque l’on est bombardé de prédictions anxiogènes.

Serons-nous victimes des prophéties apocalyptiques qui nous condamnent à un avenir de hors-la-loi à la Mad Max ou avons-nous la moindre chance de changer notre ligne de temps? Si vous êtes déjà adhérent, cliquez sur le bouton "s'abonner" et connectez-vous en haut à droite de la page d'accueil.

La vie nous offrent un nombre infini de frises à compléter

Un avatar autoproclamé que je vais interviewer prochainement explique qu’un conseil de sages galactiques réajuste notre destinée humaine toutes les 30 secondes en fonction de notre niveau de conscience.

Cette vision est partagée sur le plan scientifique par des courants issus de la physique quantique. Ils parlent de « timelines » qui se réajustent en fonction de notre vibration intérieure. Les scientifiques Nassim Haramein que j’avais interviewé brièvement en 2018 sur le site fascinant des temples de l'humanité à Damanhur , Gregg Braden et Philippe Bobola évoquent l’idée que nous baignons dans un champ d’information universel qui répond à notre état de conscience et recalcule en permanence le scénario de nos vies.

Je pense aussi que la vie est comme un GPS: elle replanifie toujours notre itinéraire pour nous permettre d'arriver à destination. Un GPS version Conscience Universelle, doté d’un algorithme cosmique qui ne se trompe jamais. Un "Dieu-GPS" qui connaît notre lieu d’arrivée, mais surtout, notre rythme, nos détours, nos freins à main serrés par nos croyances, nos limitations intimes, et nos sacro-saintes zones de confort où l’on fait du surplace en feignant de voyager.

Cet allié invisible ne nous gronde pas quand on rate une sortie. Il ne soupire pas, ne lève pas les yeux au ciel. Il dit simplement, avec une infinie patience : « Attend, nous allons recalculer ton itinéraire ». Il nous remet sur notre voie, sans jamais oublier d’inclure nos zigzags, nos tempêtes et même nos pauses «station-service de l’âme » où nous faisons le plein d’essentiel.

Son système de guidage ne tombe jamais en panne, et surtout, il connaît nos raccourcis intérieurs : ceux du cœur, de la Grâce et de la joie pure. Il ne dit jamais « faites demi-tour dès que possible », il murmure plutôt: « Tu es exactement là où tu dois être, même si tu n’y comprends rien pour l’instant. »

Quand on se laisse guider par Google Map, il nous arrive parfois de finir dans un champ de patates, devant une route barrée ou de rater une sortie. Mais notre GPS replanifie notre route. Dans la vie, c’est la même chose. "Tous les chemins mènent à Rome". Chaque être humain porte en lui la carte de retour à son point d’origine. Quand on me fait bifurquer malgré moi, j’ai appris à dire : « OK, pas de souci, allons voir ce que cache ce détour ». Parfois, c’est un cul-de-sac. Parfois, c’est de l’amour. Souvent, c’est les deux.

Cette Force derrière le rideau du réel que l’on appelle Conscience, Intelligence de Vie, ou Patron du Grand Bazar, ne cesse de nous tendre la main. Même quand nous nous entêtons, quand nous perdons, quand nous semblons reculer au lieu d’avancer. A condition, à notre tour, de lui tendre l’oreille...

Une magnifique histoire vient compléter mon propos. Un jour, un vieux maître d’échecs visitait une galerie d’art avec un groupe accompagné d’un guide. Ils se sont arrêtés devant un tableau s’intitulant « Faust et Méphisto jouant aux échecs », peint au XIXᵉ siècle par Friedrich August Moritz Retzsch.

Sur la toile, on y voit un jeune homme qui joue sa vie contre le diable. Le regard est sombre, les pièces blanches acculées, le roi coincé comme un prisonnier sans issue. Les visiteurs ordinaires ont détourné les yeux et ont poursuivi leur visite. Mais le maître, lui, a scruté plus longuement le tableau, chaque détail, les diagonales, les angles, les coups oubliés. Puis, lorsque le guide est revenu en arrière pour le chercher, le champion d’échecs lui a déclaré dans un grand éclat de rire: « Mais non… le roi a encore un coup à jouer !»

Chaque instant nous offre une nouvelle chance. Tant que le roi — symbole de notre cœur, de notre foi, de notre étincelle divine — est encore sur l’échiquier, tout est possible. Quelle leçon !

Comme ce joueur désespéré, nous croyons parfois être coincés par la vie. Entre nos dettes, nos échecs, nos amours cabossés et une actualité mondiale qui ressemble à une série Netflix écrite par des scénaristes dépressifs, tout semble dire : c’est fini. Et pourtant… il reste toujours un coup. Toujours. La vie a ce génie d’inventer des détours, de recalculer des itinéraires comme un GPS cosmique qui ne connaît pas le mot « fin de parcours ».

Alors non, je ne crois plus aux impasses. Je crois aux bifurcations. Aux secondes chances. Aux fausses pannes qui nous obligent à lever les yeux du bitume pour remarquer les étoiles. Je crois qu’un pneu crevé peut être une invitation à une pause-café divine avec un inconnu qui, en dix minutes, vous rappelle pourquoi vous aimez encore cette drôle d’humanité.

Je ne dis pas que tout est facile. Mais tout est précieux. Même les rendez-vous manqués. Même les heures d’attente. Et moi, je choisis de faire confiance à la vie, parce qu’au fond, elle sait mieux que moi où je dois aller.

Et si un jour je me perds vraiment, que je ne sais plus où aller, je regarderai le ciel et je murmurerai : « Ne t’inquiète pas, respire. Tu es en plein recalcul d’itinéraire ». Il suffit d’un tout petit pas pour renverser la partie. Quoi qu’il arrive, tu parviendras toujours à ton point d’arrivée.

Et puis un jour, tu comprendras qu’il est aussi ton point de départ...